La consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments psychotropes au travail et dans la vie de tous les jours concerne un nombre important de personnes. Si le sujet est encore tabou, la pratique de certaines entreprises ou institutions démontre qu’il est possible d’y faire face.
Selon Frone (2013), on parle de consommation de drogues liée au travail lorsque l'alcool et d'autres drogues sont consommés :
- avant le travail mais avec un impact possible sur le travail (par exemple, une forte consommation d'alcool la veille) ;
- pendant la pause ou le déjeuner;
- pendant le travail lui-même;
- lors d'occasions liées au travail (par exemple, lors de réceptions) ;
- juste après le travail (par exemple, un "after-drink" le vendredi après-midi).
L’alcool, le cannabis et les médicaments psychoactifs (somnifères, calmants, antidépresseurs, antidouleurs) sont les drogues les plus couramment consommées par la population active. Ces produits sont parfois consommés simultanément, ce qui peut renforcer leurs effets mutuels. Enfin, on peut citer d’autres drogues comme la cocaïne, les amphétamines ou l’ecstasy mais elles sont moins courantes.
Cette consommation, qu’elle soit occasionnelle ou répétée, constitue un danger pour la santé et la sécurité des travailleurs :
- les risques d’accidents de travail augmentent ;
- la qualité du travail et la productivité diminuent ;
- des problèmes relationnels avec les collègues peuvent apparaitre et détériorer l’ambiance de travail ;
- l’absentéisme augmente.
Dans les cas graves, elle peut causer la perte de l’emploi ou le décès prématuré.
L’impact de la consommation d’alcool et de drogues peut être énorme pour la personne mais également pour ses collègues, pour l’organisation et pour la société. Il est donc très important de prévenir ces situations et de les traiter à temps.
L’employeur dispose de différents moyens pour prévenir la consommation problématique d’alcool ou de drogues. Des cadres réglementaires existent :
- la législation sur le bien-être au travail (secteurs public et privé) ;
- la Convention collective de travail n°100 (CCT 100) (secteur privé).
Consommation d'alcool et de drogues en chiffres (2016)
En 2016, une enquête à grande échelle a sondé la consommation d'alcool, de médicaments psychoactifs et de drogues illicites chez 5 700 travailleurs belges. En 2019, les conséquences négatives au travail ont également été examinées.
Parmi les travailleurs interrogés, 83 % ont consommé de l'alcool au cours de l'année précédente. Parmi eux,
- 37,2 % boivent de l'alcool plus d'une fois par semaine et 11 % en boivent quatre fois ou plus par semaine ;
- 35,4 % boivent au moins 3 à 4 verres standard par jour et 11,4 % au moins 5 à 6 verres standard par jour ;
- 47,1 % des hommes et 25 % des femmes boivent plus de 14 verres standard par semaine. C'est beaucoup plus que la quantité recommandée de 10 verres standard par semaine ;
- 39,1 % ont un problème de consommation d'alcool selon le score de l'AUDIT-C. Ces personnes sont beaucoup plus susceptibles d'être des travailleurs très instruits et des hommes de moins de 35 ans ;
- 12,2 % d'entre eux subissent eux-mêmes des effets négatifs au travail. Cela se manifeste par des performances irrégulières, des conflits avec les collègues, des sanctions de l'employeur, des retards au travail, des absences du travail, des accidents du travail et des accidents sur le chemin du travail.
Interrogés sur la consommation de drogues illégales, 7,4 % des travailleurs ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l'année écoulée, et 2,8 % une autre drogue illégale. En outre,
- 1,4 % des travailleurs avaient consommé de la cocaïne, 1,1 % de l'ecstasy et 0,6 % du speed ;
- Il s’agit le plus souvent d’hommes de moins de 35 ans et des célibataires ;
- 15,2 % des travailleurs consommant une drogue illicite ont déclaré avoir subi des effets négatifs au travail.
L'enquête a révélé que 17,1 % des travailleurs avaient pris des médicaments psychoactifs prescrits au cours de l'année écoulée. La Belgique se situe ainsi dans le peloton de tête en Europe. En outre,
- 9,3 % des travailleurs interrogés ont pris un somnifère, 8 % un antidépresseur et 5,5 % un calmant ;
- il s'agissait significativement plus souvent de femmes (20,1 %) que d'hommes (13,3 %) ;
- 17,6 % des travailleurs prenant des médicaments psychoactifs ont eux-mêmes ressenti des effets négatifs au travail.
(Source: Lambrechts MC, Vandersmissen L, Godderis L. Alcohol and other drug use among Belgian workers and job-related consequences. Occup Environ Med. 2019 Sep;76(9):652-659. doi: 10.1136/oemed-2019-105690. PMID: 31413187; PMCID: PMC6824612.)