La charge mentale naît lorsque les exigences relatives aux fonctions cognitives dépassent la capacité de résistance de la personne concernée (par exemple en cas de problèmes relatifs au fonctionnement du système de traitement de l’information). De plus, la charge physique imposée aux travailleurs n’est pas sans influence: un individu fatigué ou qui souffre de problèmes physiques est en effet moins alerte et plus prompt à commettre des erreurs.
Les aspects psychosociaux jouent également un rôle. Les conflits personnels et l’insécurité d’emploi sont notamment susceptibles de troubler la concentration des individus, ce qui nuit à leur résistance mentale et favorise l’apparition d’erreurs.
Il convient donc de rechercher un équilibre mental. Une pression trop élevée ou trop faible sur les capacités mentales d’un individu peut se traduire par des problèmes, des erreurs ou un mauvais fonctionnement du système.
Les travailleurs sont régulièrement amenés à traiter des informations et à résoudre différents problèmes. Ils emmagasinent et traitent des informations, prennent des décisions et effectuent des manipulations en fonction de ces informations. C’est précisément cet aspect qu’étudie l’ergonomie cognitive.
La perception des informations n’est en rien un processus passif. Au contraire. Nous filtrons et sélectionnons les informations. Nous ne voyons pas et n’entendons pas toutes les informations susceptibles d’être enregistrées. La fonction de filtrage dépend des expériences passées, de l’intérêt et de l’appréciation de la valeur.
En outre, l’être humain regroupe des parties de l’information sous des ensembles auxquels il est possible d’attribuer un sens ou une signification. L’organisation de notre perception et de nos réactions consécutives est dictée (modèle cybernétique du feed-back) par des informations que nous avons déjà mémorisées.
Manque de clarté des signaux
Les facteurs de risque peuvent avoir de multiples origines : signaux et commandes (équipement matériel), organisation du flux d'information et de l’interaction entre l’homme et la technique (par exemple les logiciels), l’environnement social et physique ou encore le lieu de travail à proprement parler. De plus, les connaissances, les aptitudes et, d’une manière plus générale, la capacité de résistance des individus jouent également un rôle important dans le processus.
Liste de contrôle
La liste de contrôle suivante aborde différents facteurs de risque. Chaque réponse positive traduit un problème potentiel (d’après R. Op De Beeck et al.).
- La détection et l’enregistrement (par le biais de nos cinq sens) des informations souhaitées sont-ils entravés ? L’environnement est-il de nature à masquer facilement les informations visuelles ou auditives (par exemple des signaux) ? Y a-t-il du bruit ? L’éclairage présente-t-il un risque d’éblouissement ?
- Les travailleurs doivent-ils sélectionner et traiter une grande quantité d’informations ? Doivent-ils enregistrer simultanément différents types d’informations ? Doivent-ils également écarter d’autres informations ?
- L’enregistrement des informations est-il soumis à une contrainte de temps ?
- L’attention des travailleurs risque-t-elle d’être perturbée par certains événements ou par la présence d’autres personnes ?
- Les informations enregistrées sont-elles difficiles à comprendre ou leur interprétation prête-t-elle facilement à confusion ?
- La mémoire joue-t-elle un rôle central (en d’autres termes : est-il possible d’oublier un élément ?) ? Est-il possible que le travailleur confonde certaines informations avec d’autres informations déjà mémorisées ?
- Le processus exige-t-il un raisonnement et les circonstances sont-elles propices à une erreur de raisonnement ?
- Est-il difficile de prendre et d’appliquer des décisions en fonction des informations obtenues ?
- Le processus de transformation des décisions en manipulations concrètes (p.ex. dans le cadre des commandes d’une machine ou d’un véhicule) est-il complexe ?
- Les travailleurs risquent-ils facilement de se tromper de commande ? La standardisation des commandes est-elle insuffisante ? Les commandes sont-elles trop complexes ?
- Existe-t-il un risque d’activer une commande de manière involontaire ?
- Est-il impossible de voir si une commande est activée ?
- Existe-t-il un risque d'erreur de commande (mauvaise direction, geste trop ou trop peu appuyé, atteinte difficile...?
- Les travailleurs doivent-ils exécuter simultanément plusieurs manipulations ?
- Les travailleurs reçoivent-ils un feed-back lorsqu’ils commettent une erreur de commande ?
- Une erreur est-elle réparable ?
- Les travailleurs subissent-ils une pression émotionnelle ou psychosociale lorsqu’ils enregistrent/traitent des informations ou lorsqu’ils prennent/appliquent des décisions ?
- Est-il possible que les personnes concernées ne disposent pas des compétences/connaissances suffisantes pour opérer de manière optimale dans le cadre du système ?