Update 05/10/2023
Les travailleurs lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres ou intersexués (LGBTI) sont plus susceptibles d'être confrontés à divers facteurs de risque au travail. Cela entraîne une augmentation de l'incidence des problèmes de santé, notamment des troubles musculosquelettiques (TMS).
Pas moins d'un travailleur LGBTI sur sept (15%) déclare avoir une santé moyenne, mauvaise ou très mauvaise. Pour être efficaces et inclusives, les stratégies de prévention des TMS doivent être adaptées aux besoins individuels des travailleurs LGBTI.
La santé musculosquelettique des travailleurs LGBTI est particulièrement préoccupante. Bien qu'il n’existe que peu de données statistiques sur les TMS parmi ce groupe de population, les enquêtes existantes indiquent que les travailleurs LGBTI sont plus susceptibles d'être exposés à des facteurs de risque organisationnels et psychologiques. Par conséquent, ces travailleurs ont vraisemblablement plus de risques de présenter des TMS.
De l'intimidation et du harcèlement à la ségrégation: pourquoi les travailleurs LGBTI sont-ils plus exposés au risque de TMS?
Les travailleurs LGBTI sont régulièrement exposés à divers risques psychologiques, qui peuvent provoquer du stress et des problèmes de santé mentale et ainsi exercer une pression sur l'appareil musculosquelettique.
Ces risques psychosociaux comprennent la discrimination, l’intimidation et les formes de micro-agression telles que les blagues, les moqueries, les regards, les ragots et les commentaires négatifs de la part de collègues ou d’employeurs. 14% des travailleurs homosexuels, 17% des travailleuses lesbiennes et 19% des travailleurs bisexuels déclarent être victimes de harcèlement sur le lieu de travail. Chez les travailleurs hétérosexuels, le chiffre est de 6%.
Les enquêtes montrent que les travailleurs transgenres sont particulièrement exposés aux risques psychosociaux. 90% de ces travailleurs déclarent avoir eux-mêmes été victimes de harcèlement ou de mauvais traitements sur le lieu de travail ou s'être sentis obligés de dissimuler leur identité de genre.
Les travailleurs LGBTI sont également souvent exposés à des facteurs de risque organisationnels. Il s'agit par exemple de discrimination institutionnelle, de possibilités de carrière réduites et d’horaires de travail inhabituels ou plus longs. En outre, les travailleurs LGBTI gagnent en moyenne 4% de moins que les autres travailleurs et ont 11% de moins de chances d'occuper un poste de direction. Non seulement ces situations créent du stress, mais elles impliquent également que les travailleurs LGBTI restent plus longtemps dans la même fonction et sont donc exposés plus longtemps aux risques, ce qui augmente la probabilité de développer ou d'aggraver des TMS.
Les travailleurs LGBTI subissent parfois aussi une "ségrégation fondée sur des préjugés". On entend par là la tendance des travailleurs à opter pour des emplois dans lesquels ils s'attendent à rencontrer moins d'intolérance ou de discrimination. Cela a pour conséquence qu’une plus grande proportion d'hommes homosexuels ou bisexuels occupe des emplois dans des secteurs et des fonctions à prédominance féminine, et que les lesbiennes travaillent plus souvent dans des secteurs et des fonctions à prédominance masculine. Certains de ces secteurs et fonctions sont associés à des niveaux plus élevés de risques en matière de sécurité et de santé au travail (SST) et de TMS.
Un lieu de travail convivial pour tous
Garantir un lieu de travail sain est une obligation légale que tous les employeurs doivent respecter. Lorsqu’on met en place une stratégie de prévention des TMS, il est important de prendre en compte les travailleurs LGBTI ainsi que les défis auxquels ils sont confrontés. Cela bénéficie à tous les travailleurs.
Les entreprises doivent être conscientes que les personnes regroupées sous l’étiquette "LGBTI" ne constituent pas un groupe homogène. Leurs expériences de la discrimination et leurs besoins spécifiques peuvent varier considérablement. Des analyses de risques sur mesure pour ce groupe de travailleurs peuvent donc contribuer à rendre ces analyses plus solides, plus précises et plus efficaces.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre ce qui peut être fait pour améliorer les conditions de travail des travailleurs LGBTI. Quoi qu’il en soit, cela vaut la peine d'investir dans la formation pour aider à éradiquer les préjugés parmi les travailleurs.
Les entreprises devraient envisager une approche participative de l'ergonomie afin de garantir la représentation de tous les travailleurs. Solliciter la participation des travailleurs à une stratégie de prévention des TMS présente une valeur ajoutée très importante, car ce sont eux qui connaissent le mieux les risques, les défis et les exigences de leur travail.
Un exemple pratique
La ‘Red Empresarial por la Diversidad e Inclusión LGTB’ (REDI), une ASBL espagnole et un accord de coopération entre entreprises, constitue un bon exemple pratique de représentation réussie des travailleurs LGBTI sur le lieu de travail. Depuis sa création en 2015, la REDI aide les entreprises à mettre en place des politiques d'inclusion de grande ampleur et à collaborer avec diverses organisations publiques et privées pour améliorer l'acceptation sociale et l'intégration des travailleurs LGBTI sur le marché du travail.
En outre, la REDI publie des recherches sur les conditions de travail des travailleurs LGBTI, sous la forme d'études et de rapports. La REDI montre que les entreprises peuvent conserver les talents, soutenir l'innovation et créer un plus grand sentiment d'épanouissement chez les travailleurs en favorisant un lieu de travail plus diversifié et accueillant (par exemple, en réduisant le risque de TMS pour les travailleurs LGBTI).
Plus d’infos
- sur le site de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA):
- rapport en anglais: Prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une main-d’œuvre diversifiée: facteurs de risques pour les femmes, les migrants et les personnes LGBTI,
- fiche d’information en anglais: Troubles musculosquelettiques: recenser et prévenir les risques pour les femmes, les travailleurs migrants et les personnes LGBTI,
- Factsheet 43 - Intégrer les questions de genre dans l’évaluation des risques;
- sur le site OSHwiki, en anglais: Occupational safety and health of LGBTI workers.
Divers articles sur BeSWIC
Différents articles sur le thème de la diversité ont été récemment publiés sur ce site BeSWIC. Vous en trouverez ci-après quelques exemples:
- Nouveau domaine prioritaire “diversité des travailleurs" dans la campagne "Pour un travail sain: allégez la charge!"
- Pourquoi les femmes courent davantage de risques de souffrir de TMS
- L’incidence négative des risques psychosociaux et organisationnels sur les travailleurs LGBTI
- Rapport de l’EU-OSHA sur les TMS chez les femmes, les personnes LGBTI et les travailleurs migrants
Des informations sont également disponibles dans la rubrique Genre, ainsi que dans les thèmes Ergonomie et Troubles musculo-squelettiques (TMS).
(Source: Healthy Workplaces Campaign News – janvier 2022) Healthy workplaces for everyone: reducing MSD-related risks for LGBTI workers)