Experts du bien-être au travail, partenaires sociaux et experts dans le domaine de l'alcool et des substances psychoactives ont partagé leurs connaissances, expériences et résultats de recherche lors de cette journée d'étude.
Présentations
Les présentations des intervenants lors de la conférence sont disponibles sur le site événements du SPF Emploi : Conférence sur la consommation d’alcool et de drogues : défis pour une politique de prévention au travail.
Intervenants
La journée a été introduite par la présidente Véronique Crutzen, conseillère générale à la DG Humanisation du Travail du SPF Emploi, suivie par plusieurs experts.
Session 1 : Information générale sur l’impact de la consommation d’alcool dans la société
Lors de la première partie de la conférence, le Professeur Dr. Frieda Matthys, psychiatre et représentant le Conseil supérieur de la santé, a approfondi l'impact social de la consommation d’alcool et l’importance d’une politique de santé globale. Elle a notamment abordé le coût sociétal direct et indirect de la consommation d'alcool et a souligné qu'il n'existe pas de consommation sans risque : toute consommation d'alcool, même modérée, a un impact sur la santé.
Session 2 : Consommation d’alcool et de drogues : défis en milieu de travail
Marie-Claire Lambrechts (‘Vlaams expertisecentrum Alcohol en andere Drugs’ (VAD) et ‘KU Leuven’) : Alcool et autres drogues au travail : impact en milieu de travail, chiffres et cadre juridique
Marie-Claire Lambrechts s'est concentrée sur la consommation liée au travail et son impact sur les entreprises. Elle a souligné que les conséquences à court terme sur le travail (telles que l'absentéisme et la baisse de performance) sont les points de départ d'une politique de prévention. Le manque de chiffres récents sur la consommation liée au travail est problématique. Les nouvelles tendances (telles que les drogues améliorant les performances et la cocaïne) ont également été abordées. Enfin, elle a souligné l'importance d'une politique en matière d'alcool et de drogues conforme à la législation en vigueur.
Rudi Delarue (Président du Conseil national du Travail) : Origine et grands principes du cadre juridique de la CCT 100
Après une brève présentation de la méthode de travail du Conseil National du Travail (CNT), Rudi Delarue a donné un aperçu des initiatives du CNT sur une politique de prévention de l'alcool et des drogues depuis 2007. L'étude EVADRUG (Évaluation du processus de la politique belge en matière de drogues, 2021), le Plan interfédéral Alcool 2023-2025 et la CCT 100 ont été abordés.
Anne-Noëlle Deroubaix (conseiller en prévention aspects psychosociaux, SPF Santé Publique) : Gestion de la consommation nocive d'alcool au SPF Santé Publique
Anne-Noëlle Deroubaix a présenté la politique concrète du SPF Santé publique en matière de prévention de l'alcool et des drogues sur le lieu de travail. Elle a souligné l'importance d'une approche à tous les niveaux, avec une approche dynamique basée sur trois piliers : le management, la prévention et l'aide aux personnes.
Une telle approche multi-niveau est une condition importante pour réaliser une politique efficace en matière d'alcool et de drogues.
Marie-Claire Lambrechts (‘Vlaams expertisecentrum Alcohol en andere Drugs’ (VAD) et ‘KU Leuven’): CCT 100: évaluation du processus et recommandations
Dans le cadre de l'étude EVADRUG, la CCT 100 a également été évaluée. Cette évaluation a été réalisée à l'aide d'un modèle logique dans lequel tous les documents politiques disponibles sur la CCT 100 ont été analysés en profondeur et examinés de manière critique. De nombreuses parties prenantes (partenaires sociaux, conseillers en prévention, etc.) ont également été interrogées. Marie-Claire Lambrechts a expliqué les recherches et les recommandations pratiques formulées sur la base de cette évaluation approfondie.
Session 3 : Vision, contribution et positions des partenaires sociaux
Anna Makhova (FGTB) : Vision des organisations syndicales : 15 ans d’expérience avec la CCT 100 sur le terrain : approche dans les entreprises, écueils et réalisations, équilibre et perspectives d’avenir
Partant de la CCT 100, Anna Makhova a approfondi les deux principales voies politiques : la collaboration entre la politique de bien-être et la politique du personnel. Ensuite, elle a également cadré le contexte sociétal large et l'approche progressive de la politique préventive en matière d'alcool et de drogues. Une politique bien élaborée favorise non seulement la santé et la sécurité des travailleurs, mais contribue également au fonctionnement global de l'organisation.
Kris de Meester (FEB): Vision des organisations patronales : 15 ans d’expérience avec la CCT 100 sur le terrain : approche dans les entreprises, écueils et réalisations, équilibre et perspectives d’avenir
Kris de Meester a salué la CCT 100 comme un instrument pionnier et a constaté que la situation est bien meilleure qu'il y a 15 ans. Cependant, il a vu des limitations pour certains publics cibles et secteurs. Pour lui, la tolérance zéro signifie également que l'employeur doit pouvoir utiliser plus de moyens (comme les tests).
Session 4
La dernière partie de la journée a consisté en une table ronde intéressante sur l’importance de l’aide dans une politique de prévention A&D. Les différents cas présentés ont suscité de nombreuses réactions de la part de du public. Parmi les participants :
- Présidente : Véronique Crutzen, Conseillère générale DG HUT du SPF Emploi ;
- Intervenants :
- Dr. Sylvie Vandeputte, médecin du travail, Empreva, qui a parlé des responsabilités et des missions du médecin du travail dans le cadre d’une politique de prévention,
- Ann Van Acker, conseillère en prévention aspects psychosociaux, Premed, qui a expliqué l'importance d'une communication et d'une coopération respectueuses,
- Wim Govaerts, expert de vécu, qui a partagé ses expériences personnelles avec l'alcool,
- Philippe Defraene, manager GRH à l’INASTI, qui a particulièrement insisté sur le suivi du fonctionnement du travailleur,
- Marie-Gabrielle Kerger, Le Pélican asbl, qui a présenté les instruments que l'on peut concrètement utiliser sur le lieu de travail.
Mot de clôture
Aurore Massart, directrice générale DG Humanisation du Travail du SPF Emploi, a conclu que, dans le secteur privé, la CCT 100 a considérablement aidé à augmenter la possibilité de discuter de la prévention et de la consommation liée au travail. Pour les employeurs du secteur public, cette CCT ne s’applique pas et la politique de prévention en matière d’alcool et de drogues se base essentiellement sur la législation relative au bien-être au travail. Madame Massart demandera au prochain ministre de la Fonction publique d’élaborer un cadre juridique similaire pour le secteur public.