Le mercredi 28 février, Prévention et Intérim (PI), le service central de prévention pour le secteur de l'intérim, a organisé l'événement "L'I.A et les intérimaires de demain".

Les travailleurs intérimaires sont affectés de manière flexible à un poste de travail différent et chez un utilisateur différent (l'employeur). Cela demande une grande flexibilité de la part de l’intérimaire pour mener à bien sa mission chez l’utilisateur. L’agence d’intérim et l’utilisateur ont quant à eux, la responsabilité partagée de protéger la sécurité et la santé des intérimaires. 

Au cours de ces 25 dernières années, l’image du lieu de travail a profondément évoluée pour les employés. L’intelligence artificielle est déjà présente aujourd’hui sur le lieu de travail, et sa présence s’accentuera dans le futur. L'événement a donc exploré ce que cela signifie pour l’intérimaire et le secteur du travail intérimaire.

Intervenants et thèmes

Marijke Bruyninckx, directeur de Prévention et Intérim a ouvert la journée secondée par un nouvel avatar de PI.

Qu'est-ce que l'AI ?

Filip Van den Abeele, communicateur scientifique, a été le premier à expliquer ce qu'est exactement l'IA. Sa définition est la suivante : l’I.A. sont des systèmes informatiques spécialisés dans la détection de modèles. En les intégrant dans un réseau neuronal artificiel, à l’instar du cerveau humain, l’intelligence artificielle apprend d’établir des connexions au fil du temps.

M. Van den Abeele a cité l'exemple de la culture en serre, où les machines guidées par l’I.A. peuvent exécuter toutes les tâches effectuées par des humains, de la plantation de boutures jusqu’à l’élagage des feuilles infectées, sans se fatiguer et sans commettre d’erreur.

Enfin, M. Van den Abeele a évoqué l'impact de l'IA sur les emplois actuels : aujourd’hui, 30% du contenu de plus de la moitié des emplois peut être remplacé par l’I.A. et au u moins 5% des emplois seront remplacés par l’I.A. dans le futur.

Les dangers de l'IA

Le professeur Lode Lauwaert a ensuite abordé les dangers potentiels de l'IA. Selon lui, un point d’attention sur l’éthique est indispensable au développement de l'IA. Par exemple, il a fait référence à Amazon, où il a été constaté que leur logiciel de recrutement discriminait les femmes.

La protection de la vie privée (pensez à notre empreinte numérique) et l'impact sur l'environnement (pensez aux nombreux centres de données nécessaires au fonctionnement de ces systèmes) doivent également être contrôlés, selon M. Lauwaert.

Néanmoins, M. Lauwaert croit au pouvoir positif de l'IA et entrevoit un avenir plus prospère, ce qui est en corrélation avec plus de bien-être.

L'impact humain

Après la présentation de M. Lauwaert, la question du Mentimeter suivante a été posée à la salle : "La société sera-t-elle plus heureuse dans un monde entièrement dominé par l'IA ?". Plus de 80 % du public a répondu par la négative.

Sébastien Bellin, ancien basketteur et ex-capitaine des Belgian Lions, a pris cette question comme point de départ de son témoignage en tant que victime de l'attentat à l'aéroport de Bruxelles en 2016. Il a raconté comment il a surmonté les défis qui se sont présentés après l'attentat. Son message pour le secteur intérimaire : la peur pour l’I.A., c’est dans la tête, l’I.A. ne pose aucun danger pour l’instant.

IA : employeurs contre employés

Kris Van Eyck (CSC) soulignait que la question ne porte pas sur la mise en œuvre de l’I.A. au travail mais plutôt de savoir comment elle se produira. L’introduction de l’I.A. sera-t-elle bénéfique pour le travailleur ou en sera-il victime ? Bien avant qu’il soit question de l’I.A., la CCT 39 signée en 1983 stipulait que les travailleurs devaient être informés de toute nouvelle introduction de technologie au travail et qu’un dialogue social devait être engagé. On retrouve le même principe dans la Loi de 1996 sur le Bien-être pour les travailleurs. Le comité pour la Prévention et la Protection au Travail a un rôle à jouer à cet égard, par le biais d’une participation ciblée des travailleurs. En termes de réglementation, ce n’est pas tant une réglementation supplémentaire qui est nécessaire mais plutôt une réglementation adaptée en fonction des outils I.A. développés.

Kris De Meester (VBO) a fait référence à un accord plus récent conclu en 2020 par les partenaires sociaux sur la digitalisation au travail. Cet accord stipule que la digitalisation est un processus pour lequel les avantages et les inconvénients sont examinés de façon progressive et ajustés si nécessaire. Les partenaires sociaux ont convenu que le débat était une belle occasion d’entamer des discussions sur l’IA au travail.

Ann Cattelain (Federgon) expliquait que l’application de l’I.A. dans le secteur intérimaire avait certainement son utilité. Elle est déjà utilisée aujourd’hui lors de la sélection des candidatures par les outils de recrutement. Il faut évidemment veiller à alimenter correctement ces outils en données historiques; la contamination de ces données doit être évitée à tout prix. L’utilisation d’applications pour réaliser l’accueil des nouveaux employés et intérimaires est une autre option. Ann Cattelain a conclu qu’on doit certainement adopter l’I.A., mais en préservant l’aspect humain : employés et intérimaires bénéficient toujours d’une "touche humaine" pendant leur accueil.

L’I.A. est aujourd’hui surtout utilisée pour remplacer les tâches répétitives. Pour une grande partie des emplois, l’intervention humaine joue toujours un rôle crucial. Mais cela signifie aussi la disparition des emplois simples au profit d’emplois plus qualifiés. Et il n’est pas impensable que certains travailleurs, y compris les intérimaires, soient plus difficilement affectables au travail.

Plus d'informations

Le rapport plus détaillé de la journée et une vidéo sont disponibles sur le site de PI : L'I.A. et les intérimaires de demain.

(Source: Prévention et Intérim)