L'exposition aux risques psychosociaux liés au travail entraîne des inégalités de santé évitables qui coûtent chers aux travailleurs, à leur famille, aux employeurs et à la société dans son ensemble.
Un groupe d'experts a discuté des risques psychosociaux liés au travail lors de la récente grande conférence "Blueprint for equality" de l'Institut syndical européen ETUI et de la Confédération européenne des syndicats (CES). Un enregistrement de cette discussion est disponible sur la chaîne YouTube de l’ETUI: Work-related psychosocial risks and health inequality: how to prevent suffering.
Le groupe a conclu que de nombreux risques sont évitables et que davantage d'efforts devraient être consacrés à leur prévention.
Ces risques ont un coût humain, comme les maladies de longue durée et les membres de la famille qui doivent fournir des soins informels, ainsi qu'un coût économique. Le coût économique total d'une seule maladie - la maladie coronarienne - attribuable à quatre expositions psychosociales au travail (EPT) dans l'Union européenne (UE) au cours d'une année est très élevé: environ 11,4 milliards d'euros.
Visitez le site de l'ETUI pour une figure sur ce coût économique: Les risques psychosociaux liés au travail sont à l'origine d'inégalités en matière de santé.
Les années de vie perdues (AVP) dues aux décès prématurés des travailleurs représentent la plus grande partie des coûts économiques totaux des maladies coronariennes attribuables aux risques psychosociaux (76%). Il s'agit d'un nouveau résultat de recherche important dans le contexte du cadre stratégique de l'UE sur la santé et la sécurité au travail 2021-2027, qui promeut une "vision zéro" des décès liés au travail dans l'UE et vise à mobiliser tous les acteurs européens et internationaux concernés pour éliminer les décès, accidents et maladies liés au travail.
Alors que les risques psychosociaux constituent une catégorie de risque établie, les changements dans l'environnement de travail donnent lieu à de nouvelles formes d'inégalités sociales liées au travail précaire, à de nouvelles formes d'emploi comme dans la "gig economy", et à l'occupation multiple d'emplois. Certains groupes de travailleurs, tels que les femmes faiblement rémunérées et instruites et les travailleurs occupant un emploi précaire, sont plus fréquemment exposés aux RPS et en subissent les conséquences immédiates ou cumulatives sur la santé.
Les pays d'Europe de l'Est enregistrent une occurrence plus élevée de maladies et de coûts dus aux risques que les pays occidentaux, et les jeunes travailleurs ont particulièrement besoin de services de sécurité et de santé au travail (SST), mais n'ont souvent pas l'accès nécessaire.
Dans ce contexte, le panel a souligné que la situation nécessite une action à différents niveaux: au niveau macroéconomique, il faudrait passer de la priorité accordée à la croissance économique et au produit intérieur brut (PIB) à la prise en compte de l'impact sur la santé et le bien-être en tant que résultat clé des politiques économiques. Au niveau du lieu de travail, la responsabilité de la prévention des risques ne doit pas être imposée aux travailleurs individuels, mais des mesures de prévention collectives portant sur l'environnement de travail doivent être développées. Le rôle des syndicats pour assurer le développement de mesures de protection adéquates a été identifié comme déterminant à tous les niveaux.
(Source: ETUI News – juillet 2022: Les risques psychosociaux liés au travail sont à l'origine d'inégalités en matière de santé)